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Monique : La vie en attente - Vieillir dans la dépendance

  • Photo du rédacteur: Elisabeth 83
    Elisabeth 83
  • 1 mars
  • 3 min de lecture

📌 Par Monique, 86 ans





Le poids du temps et de la dépendance

Chers lecteurs,

Je m'appelle Monique, j'ai 86 ans et je vis seule. Du moins, si l'on peut appeler cela "vivre". Depuis plusieurs années, mon corps me trahit lentement mais sûrement. Mes jambes ne me portent plus, et mon fauteuil roulant est devenu mon unique moyen de déplacement. Mon monde se résume aux murs de mon appartement, aux heures qui s'étirent et à l'attente : attendre qu'on m'aide à me lever, à me laver, à m'habiller, à manger. Attendre la venue d'une aide-soignante, d'une auxiliaire de vie, d'un infirmier. Attendre, encore et toujours.

La dépendance n'est pas seulement physique, elle est aussi psychologique. Elle pèse sur le moral et vous ronge à petits feux. Ce qui m'effraie le plus ? Ce n'est pas la vieillesse en soi, mais la perte de mon statut d'individu. Quand vous ne pouvez plus rien faire seul, vous devenez un objet de soins, un fardeau qu'on gère selon le planning et la disponibilité des autres.



Le retour forcé à l'aide et la perte d'autonomie

Quand j'étais plus jeune, je pouvais sortir, aller au marché, m'asseoir à une terrasse et observer la vie qui s'écoulait autour de moi. Aujourd'hui, je ne peux même plus aller chercher mon courrier sans assistance. On ne réalise jamais à quel point l'autonomie est précieuse, jusqu'au jour où elle nous est retirée.

Chaque geste du quotidien est devenu un combat :


✔️ Attendre que quelqu'un me lave, me coiffe, m'habille.

✔️ Dépendre d'autrui pour manger ou m'installer confortablement. 

✔️ Ne plus avoir le choix de l'heure à laquelle je me lève ou me couche. 

✔️ Ne plus pouvoir sortir librement.


Quand chaque action doit être validée et orchestrée par d'autres, que reste-t-il de nous ? Comment continuer à exister quand on ne peut plus rien décider par soi-même ?



L'impact psychologique : une existence en sursis

L'isolement, la solitude, l'infantilisation, voilà ce que vivent de nombreuses personnes comme moi. J'ai l'impression de ne plus être une adulte, mais un cas à gérer, une personne à maintenir en survie plutôt qu'à faire vivre.

On ne me demande plus ce que je veux, on décide pour moi.

? "Il faut manger maintenant, Monique." Mais si je n'ai pas faim ? ? "Vous êtes fatiguée, on va vous recoucher." Mais si je voulais juste parler un peu ? ? "Désolée, pas le temps de rester." Et moi, je reste seule.

C'est une forme de maltraitance insidieuse, une normalisation de l'infantilisation. Sans s'en rendre compte, beaucoup de soignants et d'auxiliaires de vie réduisent les personnes comme moi à un corps à entretenir, à des tâches à effectuer rapidement pour passer au patient suivant. Et pourtant, nous sommes toujours des êtres humains, avec des désirs, des envies, des besoins.



Le rôle crucial des soignants : entre bientraitance et maltraitance institutionnelle

Je ne blâme pas les soignants, bien au contraire. Leur travail est difficile, souvent ingrat, réalisé dans l'urgence et sous tension. Mais il est essentiel de rappeler qu'ils sont la seule interaction sociale que beaucoup de personnes comme moi ont au quotidien. Un sourire, un geste tendre, une simple question intéressée sur ma journée font toute la différence.


✔️ La bientraitance, ce n'est pas juste assurer l'hygiène et les soins, c'est préserver la dignité. 

✔️ C'est prendre le temps d'écouter, de respecter nos choix, de nous inclure dans les décisions. 

✔️ C'est former les professionnels à voir en nous des individus et non juste des patients.



Pourquoi la formation des acteurs de terrain est essentielle

Tout cela ne va pas de soi, cela s'apprend.

On ne naît pas bienveillant, à l'écoute, empathique. La bientraitance doit être enseignée, car elle demande une remise en question de nos représentations, de nos habitudes et de nos automatismes.


  • Un soignant formé, c'est un soignant conscient des impacts de ses gestes et de ses paroles. 

  • Un auxiliaire de vie bien accompagné saura mieux préserver l'autonomie des personnes aidées, plutôt que de tout faire à leur place.

  • Un regard bienveillant, une posture bientraitante, c'est ce qui fait toute la différence entre une vieillesse subie et une vieillesse respectée.



Mon appel à la considération et à l'humanité

Nous, les personnes âgées en perte d'autonomie, avons encore des envies, des besoins, des rêves. Nous avons le droit d'être respectés, d'être écoutés, d'être traités comme des adultes et non comme des enfants.

Si vous êtes soignant, auxiliaire de vie, aidant, n'oubliez jamais que votre présence est plus importante que vous ne l'imaginez.

Si vous avez un proche en perte d'autonomie, offrez-lui plus qu'une visite en coup de vent : offrez-lui du temps, du respect, et une place dans le monde.

Parce qu'à tout âge et en toute condition, nous méritons d'être considérés pleinement comme des êtres humains.


Affectueusement,


Monique.


 
 
 

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