"Chers jeunes (et moins jeunes), ne laissez pas s’éteindre votre feu !"
- Elisabeth 83
- 23 mars
- 2 min de lecture

J’ai connu bien des colères dans ma vie.
Mais depuis quelque temps, je sens une colère différente. Une colère collective. Une colère qui gronde chez les soignants, les remplaçants, les titulaires, les invisibles et les vociférants fatigués. Une colère qui n’est pas destructrice, mais lucide. Et nécessaire.
Quand j’étais une jeune infirmière, on avait peu, mais on avait la reconnaissance. Aujourd’hui, vous avez les tâches, la paperasse, les protocoles, les injonctions… et la solitude. Ah, cette solitude des soignants qu’on envoie en première ligne avec un stylo qui fuit et des gants trop grands. Faut-il vraiment crier encore pour qu’on vous entende ?
Alors aujourd’hui, je veux vous dire ceci : votre colère est juste. Et elle est belle.
Ne vous en excusez pas. Ne la retournez pas contre vous. Ne la laissez pas vous isoler.
Mais apprenez à la canaliser, à en faire un moteur. Un feu de veille plutôt qu’un incendie.
Parce que oui, on peut être en colère et rester humain. Être épuisé et engagé. Dire non et continuer à aimer son métier. Et surtout, on peut être remplaçant·e et être tout aussi essentiel·le que n’importe quel·le titulaire.
Je le redis souvent : les grands changements ne naissent pas toujours dans les révolutions spectaculaires. Parfois, ils naissent dans les petits pas. Une signature sur une pétition. Un mot écrit dans un courrier. Un post partagé. Une discussion ouverte.
Alors à toi, jeune soignant·e, ou vieux de la vieille comme moi : sois fier·e d’avoir encore le cœur qui bat pour ce métier.
Et surtout, n’attends pas qu’on te donne la permission de dire que ça suffit. Parce que tu la tiens déjà, cette légitimité : c’est celle d’avoir les mains dans le réel, les pieds dans le soin, et la voix encore capable de dire “stop”.
Prenez soin de vous. Mais pas en silence.
Avec tendresse, fermeté, et un bon thé au thym-citron 🌿,
Thérèse — une octogénaire dans le vent, toujours du côté de ceux qui soignent.
Comments